Le genre documentaire est né avec
le cinéma des frères Lumière.
Plus d’un siècle d’existence, donc, et tant de formes
et de pratiques différentes qu’il serait bien difficile de
définir succinctement quelle est la nature de ce genre :
Il s’étend en effet du film de propagande au cinéma
direct en passant par le film ethnologique, le carnet de voyage, le film
animalier, le film d’investigation, le film militant collectif ou
individuel, le journal intime filmé…
La captation du réel pose la question du point de vue et de l’intention
de celui qui met en œuvre cette captation.
Contrairement à la fiction qui affiche une subjectivité formelle
forte, le documentaire porte en lui la possibilité de prétendre
rendre compte d’une réalité, à priori objective,
du monde.
Seulement il ne faut jamais oublier que toute expression audiovisuelle (du
petit reportage du journal télévisé au plus grand documentaire)
passe par le « filtre » d’un réalisateur ou d’un
journaliste baigné dans un contexte économico-politico-médiatique.
L’objectivité ne peut donc exister.
Excepté peut-être avec une camera de surveillance dans une
banque ou un supermarché…
Par conséquent, il est intéressant, voire nécessaire,
de parvenir à « décrypter » le langage des images
et des sons que nous côtoyons chaque jour davantage.
Cela relève d’une démarche citoyenne dans la mesure
où notre liberté de penser et d’agir en ce monde est
totalement liée à la perception que nous avons de ce monde.
Et cette perception est forcément imprégnée de ce que
les médias nous proposent.
Il suffit de percevoir les liens qu’entretiennent média, finance
et politique pour rester vigilant quant à la nature des messages
plus ou moins codés qui nous parviennent.
Le documentaire dit de création affirme la signature d’un auteur
qui assume la responsabilité de son regard sur le sujet qu’il
traite.
Cela implique une exigence, une rigueur et une certaine éthique qui
n’ont d’autre motivation que le respect du spectateur et l’estime
de son propre travail.
L’influence éditoriale des chaînes de télévision
reste une question brûlante dans la profession qui en dépend
économiquement pour une grande part.
Certains films ne peuvent voir le jour qu’avec une détermination
des réalisateurs à faire leurs films coûte que coûte
avec des budgets misérables car hors des circuits de diffusion.
La « démocratisation » des outils audiovisuels permet
ainsi de voir naître des films hors normes et néanmoins d’une
qualité indiscutable.
Reste désormais à savoir où et comment montrer ces
films.
Parfois ils rejoignent le circuit économique « normal »
suite à l’intérêt d’une chaîne pour
le travail effectué.
Sinon il faut trouver des réseaux alternatifs de diffusion tels les
festivals et projections organisées par des associations.
La démarche « d’un documentaire à l’autre
» rejoint ce mouvement qui semble nécessaire dans la mesure
où il rencontre un vaste public.
Il y a un besoin de se laisser surprendre par des expressions audiovisuelles
originales et de qualité. De plus, la rencontre avec les auteurs
permet de pouvoir confronter sur le vif ses propres sensations de spectateur
aux intentions du réalisateur.